Mercredi 18 décembre, Madame la Préfète a mis en place l’observatoire de l’«agribashing» en Ardèche. La Confédération paysanne de l’Ardèche n’a pas participé pas à cette réunion, signe d’une énième collusion entre l’État et la Fnsea/Ja, main dans la main pour éviter qu’on puisse dénoncer le système agricole qu’ILS ont mis en place ensemble et LEURS choix politiques communs, si désastreux pour le monde agricole.
Persuadés d’être plus utiles au développement du projet d’agriculture paysanne sur lequel nous travaillons au quotidien, nous laissons ainsi les responsables de la situation agricole actuelle se retrouver entre eux pour faire le constat de leur propre échec !
Bien évidemment, la Confédération paysanne de l’Ardèche condamne fermement et sans aucune ambiguïté les violences physiques, voire criminelles, envers les paysan(ne)s et leurs animaux, notamment de certains individus ou groupuscules antispécistes, comme L214, qui n’ont de cesse de combattre l’élevage quel qu’il soit.
Il ne s’agit pas non plus de nier le fossé qui existe parfois entre des consommateurs déconnectés du vivant, qui s’approvisionnent en grandes surfaces, et des agriculteurs qui travaillent au quotidien dans les territoires ruraux. Mais le dialogue doit se renouer dans les deux sens pour accompagner au mieux la transition agroécologique et pour travailler au vivre-ensemble dans les campagnes.
Nous dénonçons surtout une violence bien plus grande qui pèse sur TOU(TE)S les paysan(ne)s depuis si longtemps : c’est la violence du système libéral, mis en place depuis plus de 60 ans par le syndicat Fnsea/Ja en cogestion totale avec l’État. Avec l’aide des entreprises agro-industrielles et de la grande distribution, ce système maintient volontairement le monde agricole dans la dépendance économique par des politiques qui ont fait tant de dégâts sociaux et environnementaux et à l’origine du mal-être d’une grande partie des paysan(ne)s
Nous dénonçons avec force le concept d’«agribashing» qui empêche les paysan(ne)s de réfléchir au dialogue possible avec la société. Il les empêche également de prendre conscience de l’impasse sociale et financière dans laquelle ils ont été conduits. Le terme d’«agribashing», au lieu de défendre les paysan(ne)s, ne fait qu’attiser le ressentiment des consommateurs vis à vis du projet agro-industriel de la Fnsea/Ja : ce modèle qui agrandit et spécialise les fermes à outrance, qui endette les paysan(ne)s, qui traite les animaux comme du minerai, qui promeut l’emploi de pesticides de synthèse à l’encontre des demandes sociétales et qui contribue au réchauffement climatique par ses pratiques.
Parler d’«agribashing» ne servira qu’à détourner les regards de ce système économique de prix bas qui oppresse les paysan.ne.s et trompe les consommateurs. Et à empêcher de parler de la réalité des paysan(ne)s.
Cet observatoire est d’autant plus ridicule en Ardèche, un département dont l’agriculture a toujours favorisé les produits fermiers et les produits sous signe officiel de qualité pour les consommateurs ainsi que la réappropriation de la valeur ajoutée pour les paysan(ne)s.
Plutôt que d’aller perdre du temps à participer à cet observatoire, nous préférons proposer et construire. A la Confédération paysanne, nous sommes convaincus que la solution est de travailler encore et encore à construire une relation d’échange et de confiance avec la société. La remise en cause de l’actuelle politique agricole et alimentaire dominante n’est pas de l’«agribashing», elle est au contraire une urgence sociale, économique et écologique. Il est urgent de changer de modèle, de choisir entre agriculture industrielle et agriculture paysanne !
De notre côté, nous mettrons toutes nos forces à mettre en place l’agriculture paysanne qui pourra répondre aux attentes sociétales : Installer des paysan.ne.s nombreux, créer des emplois et du lien social en milieu rural, cultiver la biodiversité et assurer la sécurité alimentaire de nos territoires dans un contexte complexe de changement climatique.