Salon à la ferme 2023 en Ardèche : Transmission des fermes, gestion de l’eau et relocalisation des productions, 3 enjeux majeurs et des échanges passionnants

1- David Cynthia Benjamin SAF 2023

C’est sur la ferme du GAEC « Bogue et Châtaigne » à Desaignes que s’est déroulée la 3ème édition du Salon à la Ferme en Ardèche mardi 28 Février 2023 en présence de d’un public nombreux venu participer aux discussions autour d’enjeux majeurs pour l’avenir de l’agriculture ardéchoise : le renouvellement des générations, l’accès à l’eau et la gestion/partage de cette ressource, et enfin la valorisation locale des productions agricoles… trois enjeux pour la souveraineté alimentaire de notre territoire.

Après un mot d’accueil d’Aurélien Mourier, co-porte-parole de la Confédération paysanne de l’Ardèche, ces 3 thèmes ont ainsi fait l’objet de témoignages croisés entre paysan.nes, représentant.es de l’État, élu.es, technicien.nes, citoyen.nes, … diversité gage de richesse des échanges,de pluralisme et de rencontres !

1- TRANSMISSION DES FERMES ET RENOUVELLEMENT DES GÉNÉRATION

Les enjeux de la transmission agricole pour notre territoire sont très importants dans le nécessaire objectif de renouvellement des générations de paysannes et de paysans. Et pourtant, le recensement agricole pointe encore la disparition de la moitié des fermes ardéchoises en 20 ans (7086 en 2000 contre 3745 en 2020).

Heureusement, plus de 60 installations agricoles aidées (DJA) ont été comptabilisées en 2022 mais l’enjeu reste fort puisque plus de 40 % des paysan.nes actuels atteindront l’âge légal de départ à la retraite dans les 10 ans à venir tandis que seulement 1/4 de ces futurs cédants envisagent une reprise

Le témoignage croisé de David Loupiac qui a transmis sa ferme et de Cynthia Cellier et Benjamin Vignal qui l’ont reprise depuis un an a été très fort et souligné quelques éléments importants pour la réussite d’une transmission agricole : une rencontre humaine, la possibilité de se connaître via un stage reprise, la transmission du logement, une anticipation du départ par le cédant, l’accompagnement par un tiers (l’ADDEAR pour cette transmission), … Car comme le dit David, « Transmettre, c’est laisser beaucoup d’investissement personnel et un lieu de vie »

Et les échanges ont pu se poursuivre sur les thèmes de l’accès au foncier agricole, du logement des nouveaux installés, ou des la façon d’accompagner au mieux ces transmissions en présence de Matthias Barralon et Eve Saymard, administrateur et animatrice de l’ADDEAR, Fabien Clave, chef du service « Agriculture Développement Rural » de la DDT 07 et Eric Vacquier, directeur de la SAFER 07.

Des pistes ont été évoquées notamment en ce qui concerne la possibilité pour la SAFER de faire du stockage foncier dans l’attente d’un.e porteur de projet agricole, le respect du Schéma des structures limitant les agrandissements pour favoriser les installations, le contrôle du prix des terres agricoles ou la préservation du foncier agricole face aux nouveaux investisseurs financiers via les ventes de parts sociétaires.

>> Vous souhaitez vous installer ou transmettre une ferme, en savoir + sur l’ADDEAR

Transmission SAF 2023

2- ACCÈS A L’EAU, PARTAGE ET PRÉSERVATION DE LA RESSOURCE

Préservation et partage de la ressource en eau, alternatives agronomiques pour des pratiques agricoles plus sobres, stockage de l’eau et retenues collinaires, … le sujet de l’eau a été l’objet de nombreux échanges dans un contexte de sécheresse hivernale qui inquiète énormément les populations et plus particulièrement le monde agricole. Les réserves sont au plus bas et la répétitions de sécheresse depuis plusieurs années atteint fortement les paysannes et les paysans qui, travaillant avec le vivant, sont parmi les premiers lanceurs d’alerte sur le réchauffement climatique. Et un élément important à prendre en compte lorsque des nouveaux paysan.nes s’installent sur une ferme.

Des interventions très diverses de Renaud Dumas (Chargé de mission au Syndicat Mixte du Bassin Versant du Doux), Christophe Mittenbuhler (chef de service “Environnement” de la DDT 07), d’Emmanuel Vialle (Fédération de pèche 07), et de Jean Sébastien Ros Ruiz (technicien rivière du syndicat mixte Eyrieux-Clair) ont ainsi permis de donner de nombreuses informations sur les questions règlementaires, les possibilités d’action ou les études en cours afin d’identifier plus finement les besoins en eau et les prévisions climatiques

La Confédération paysanne en a profité pour reexprimé que face à l’évolution climatique de ces dernières années, nous ne pouvons pas nous contenter de mesures de court terme. Nous devons mettre en place au plus vite une transition des pratiques et des systèmes de production à long terme allant dans le sens d’une économie des usages de l’eau et vers une agriculture prenant sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique (avec des objectifs de diminution de l’empreinte carbone) grâce à

    • des programmes de recherche agronomique ambitieux permettant de travailler sur des système plus économes en eau mais également en consommation d’énergie,
    • des règles de priorisation d’utilisation de la ressource afin que certaines productions (maraîchage, arboriculture) ne puissent plus être privés d’eau même temporairement par des arrêtés préfectoraux l’interdiction d’irrigation des cultures dédiées à la méthanisation afin de prioriser l’usage de l’eau pour des productions alimentaires
    • la réorientation des aides agricoles favorisant la longue et difficile transition des fermes (aides favorisant l’emploi agricole, la préservation des ressources, …)

Aller + loin:

Eau SAF 2023

3- RELOCALISATION DES PRODUCTIONS ET VALORISATION LOCALE

C’est Emma Caschetta qui a démarré ce dernier temps d’échange en présentant la façon dont le glacier ardéchois « Terre Adélice », dont elle est responsable des approvisionnement, contractualise avec les paysannes et les paysans locaux pour les fruits et petits fruits, dont le GAEC Bogue et Chataigne. Cette industrie agro-alimentaire locale est ainsi un débouché important et de proximité pour de nombreux paysan.nes du territoire, la demande étant d’ailleurs encore loin d’être totalement pourvue. Quant aux parfums de glace soient plus « exotiques », les approvisionnements sont plus lointains.

Enfin, c’est un témoignage croisé entre Franck Mandon, responsable de la cuisine de l’hôpital de Lamastre, et Jacques Marcon, restaurateur étoilé de St Bonnet le Froid, qui a clos cette 3ème édition.

Déjà 10 ans que David Loupiac a développé l’approvisionnement en fruits de l’hôpital de Lamastre. Engagement qui continue avec Cynthia et Benjamin qui bénéficient des différents réseaux de ventes déjà mis en place ce qui a permis une installation plus sereine tout en leur permettant de développer leurs propres réseaux locaux. Franck Mandon a fait part de sa volonté d’aller encore plus loin dans l’approvisionnement local mais des difficultés de la structure de restauration collective puisque l’approvisionnement local entraine des surcoût de main d’œuvre sur la préparation des repas.

Quant au témoignage de Jacques Marcon, il permet également de valoriser, grâce au travail de la restauration gastronomique, les produits des paysannes et des paysans, dont la châtaigne est un emblème. Le restaurant de St Bonnet le Froid s’est d’ailleurs agrandi d’un jardin leur permettant, grâce au travail d’une maraichère, de fournir totalement le restaurant en légumes pendant au moins 6 mois

Ce double témoignage a montré la volonté de plus en plus forte des cuisiniers, qu’ils soient en restauration collective ou gastronomique, de travailler au maximum avec les productrices et producteurs locaux.

Bien évidemment ces témoignages ont également souligné la difficulté supplémentaire pour les responsables de cuisines collectives comme celle de l’hôpital de Lamastre de relocaliser les achats du fait des enveloppes financières très contraintes disponibles, tandis que la restauration gastronomique peut valoriser économiquement plus facilement ces produits.

Mais chacun d’eux a tenu à souligner deux éléments essentiels dans cette transformation de fond du travail de la restauration :

    • L’importance de proposer un accès à une alimentation de qualité pour toutes et tous, notamment pour des raisons sanitaires pour les populations amis également l’environnement et la biodiversité.
    • Et la nécessité de renforcer l’éducation à l’alimentation et à la cuisine pour les plus jeunes notamment via les projets des écoles et la restauration scolaire

Relocalisation SAF 2023

Malgré le froid hivernal enfin présent, c’est autour d’un feu et de quelques produits paysans que s’est terminée cette 3ème édition du Salon à la ferme en Ardèche… chacun s’étant d’ores et déjà donné rendez vous pour l’édition 2024 !

12- Cloture SAF 2023

 

>> Réécouter l’interview de Cynthia sur RCF : Le « Salon à la ferme » revient pour sa 3ème édition en Ardèche (RCF – 28/02/2023)

>> « Un Salon de l’agriculture directement chez vous (DL – 26/02/2023)

>> « Au salon à la ferme, la transmission au coeur des échanges (DL – 01/03/23)

>> Eau et Agriculture: un enjeu majeur (DL – 06/03/23)

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