La population agricole ne cesse de diminuer. Un départ à la retraite sur deux voit la ferme partir à l’agrandissement. Les statistiques démographiques sont préoccupantes : plus de la moitié des chef·fe·s d’exploitation français·e·s seront en âge de partir à la retraite dans les dix prochaines années… En parallèle, nombreux.ses sont les jeunes et moins jeunes qui souhaitent s’installer en agriculture, avec des projets professionnels variés et intégrés à un projet de vie. Mais ceux-ci se retrouvent souvent confronté.e.s à la difficulté de reprendre des fermes trop capitalisées, trop spécialisées ou encore trop grandes. Il est l’heure de mettre en place des politiques d’installation et de transmission à la hauteur des enjeux !
La Dotation Jeune Agriculteur (DJA), financée par l’Europe, ne répond plus que très partiellement à la demande : à titre d’exemple, en Rhône-Alpes en 2013, le nombre d’installations avec DJA représentait seulement 1/3 des installations. En effet, près de 60 % des porteurs de projet qui se présentent au Point Accueil Installation, point de départ de tout parcours à l’installation agricole, ne sont tout bonnement pas éligibles à la DJA*.
On pourrait attendre du nouveau dispositif Installation/Transmission, voté en mai dernier par le Conseil Régional Auvergne-Rhône-Alpes, qu’il vienne compenser ces aides européennes en soutenant les porteur.se.s de projet « hors DJA ».
Or les choix retenus sont très insuffisants par rapport à cette demande :
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il est prévu un « soutien à la trésorerie de démarrage » qui reprend les mêmes critères d’attribution que ceux de la DJA, c’est à dire qui exclu les plus de 40 ans,
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une aide à la préparation à l’installation, en effet réservé aux « non-DJAbles », mais qui risque de se transformer rapidement en élaboration du « Plan d’Entreprise », sans tenir compte des besoins réels ni des questionnements spécifiques de chacun.e,
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en revanche, aucune aide prévue pour l’accompagnement à l’émergence du projet, en direction des candidat.e.s non issu.e.s du milieu agricole, de plus en plus nombreux.ses. Cette étape est, pour certain.e.s, indispensable à la maturation de leur projet, voire à la pérennité de l’installation. Elle leur permet, individuellement et/ou collectivement, de mieux ancrer leurs choix avant de s’engager dans le parcours à l’installation.
Nous nous interrogeons donc sur la pertinence de dépenser autant d’argent public vers un parcours à l’installation qui ne rencontre plus le succès attendu.
Pour ce qui est de la préparation à l’installation (diagnostic global, étude de faisabilité du projet, expertise), dont les organismes bénéficiaires seront choisis par appel à candidatures comme le définit le cadre national, la Confédération Paysanne sera attentive à ce que le.la candidat.e puisse bénéficier du pluralisme des offres d’accompagnement.
Enfin, un dernier point concerne la transmission des fermes : l’aide à l’accompagnement du paysan cédant est réservée aux chefs d’exploitation de 55 à 60 ans, hors du cadre familial. Or la réalité de terrain montre que nombre d’entre eux ont déjà plus de 60 ans, et se trouvent de fait exclus du dispositif… laissant des fermes qui partiront une fois de plus à l’agrandissement, alors que de nombreux.ses candidat.e.s peinent à trouver du foncier ?
La Confédération Paysanne Auvergne-Rhône-Alpes regrette que le Conseil Régional n’ait pas apporté une réponse à la hauteur des enjeux et de la diversité des porteur.se.s de projet agricole, et souhaite voir demain un plus grand nombre d’installations sur les territoires agricoles de notre grande Région, dans des fermes rémunératrices, créatrices d’emplois et respectueuses de leur environnement.
* Chiffres Observatoire de l’Installation 2015 – Chambre régionale d’Agriculture