Grandes cultures : Le marché mondial des céréales, un leurre pour le revenu paysan

La récolte de céréales affiche un rendement global bien meilleur qu’en 2016, et la qualité des grains est bonne. Mais cela ne saurait masquer l’alerte sur les prix très bas qui ne permettent pas aux paysannes et paysans de combler les coûts de production. Les zones intermédiaires sont d’autant plus touchées que les rendements sont, malgré tout, très hétérogènes. Dans ces zones moins productives, le rattrapage par rapport à 2016, année catastrophique, n’a pas toujours lieu.

Les productrices et producteurs de céréales sont soumis à une forte compétition sur le marché mondial et à une volatilité des prix très importante. La France s’est longtemps reposée sur une « compétitivité » liée à des rendements élevés par rapport à d’autres territoires céréaliers dans le monde. Or, l’augmentation constante de la production en Mer Noire et du stock de report resserrent les écarts. La baisse des coûts de production dans ces territoires, en particulier par des investissements dans les capacités logistiques d’exportation, participent aussi à ce resserrement. Et ce sont évidemment les paysannes et les paysans qui en payent le prix.

Face à cette situation, le gouvernement français aurait dû majorer de 100 euros/ha les 52 premiers hectares. La Confédération paysanne dénonce le recul sur cette mesure qui aurait permis une répartition plus juste des aides au bénéfice d’une grande partie des exploitations. En effet, la baisse des aides n’intervient qu’à partir de 100 ha (1). Mais la mise en place de cette mesure a fait face à un blocage malgré le mécanisme de redistribution qu’elle aurait engagé.

Pour la Confédération paysanne, il est aujourd’hui indispensable d’interroger la filière grandes cultures sur les limites du marché mondial qui ne permet pas la rémunération du travail des paysannes et des paysans. La structuration de filières à forte valeur ajoutée, orientées vers des marchés relocalisés, doit être sérieusement engagée. Les paysans et paysannes doivent bénéficier d’un accompagnement permettant de diversifier les productions sur les fermes, et ceci particulièrement pour les zones intermédiaires.

(1) En grandes cultures, 50 % des exploitations font moins de 50 ha, 23% entre 50 et 100 ha et 27 % plus de 100 ha.