Quelques jours après les Marches contre Monsanto organisées dans 40 pays et qui ont mobilisé des dizaines de milliers de personnes, se tient les 31 mai et 1er juin à Marcq-en-Baroeul la « Table Ronde pour le Soja Responsable ». Bayer, sponsor principal de l’événement, Monsanto, Cargill et autres voudraient nous faire croire qu’un soja OGM, cultivé en monoculture à grand renfort de pesticides, au détriment des cultures locales vivrières et à destination de l’agriculture intensive en Europe est un soja « responsable » ?
Car oui, le cahier des charges du « soja responsable » autorise la culture d’OGM et l’utilisation de RoundUp (et autres pesticides) même à proximité des habitations. Il n’impose pas non plus de pratiquer une agriculture « raisonnable » qui impliquerait d’avoir des rotations de cultures afin de ne pas encourager le développement de maladies et adventices et l’épuisement des sols. L’utilisation de techniques culturales, par ailleurs intéressantes, comme le non labour, n’est qu’un voile vert pour cacher les impacts inacceptables de cette filière. Et prôner le « zéro déforestation » n’empêche pas ces entreprises de continuer à déboiser pour le marché non-certifié.
Pour nous, ce soja ne sera jamais responsable ni vis à vis de l’environnement, ni vis à vis des populations d’Amérique du Sud !
Nous, européens, sommes responsables du développement de cette filière dévastatrice. En effet, l’Europe importe l’équivalent de la surface cultivable en France en soja, en particulier pour les élevages industriels de volailles et de porcs. Comment les gouvernements, les entreprises et même certaines associations peuvent-ils se contenter de critères aussi peu ambitieux pour apporter leur soutien à cette démarche ?
Pourtant des alternatives existent. Dans le sud de la France où le climat est propice, de plus en plus de paysans se mettent à inclure la culture du soja (non OGM) dans leurs rotations. Des éleveurs, soucieux de ne pas participer au désastre écologique et humain en Amérique du Sud se tournent vers des cultures légumineuses alternatives pour alimenter leur bétail.
Nous appelons les pouvoirs publics, les entreprises et les consommateurs à s’engager réellement pour une agriculture respectueuse des hommes et de l’environnement, ici et partout dans le monde. Cela passe par l’abandon des OGM, la transition vers une agriculture sans pesticides, désindustrialisée et relocalisée.
Confédération Paysanne, Collectif Nord Pas de Calais contre les OGM, Générations Futures, Greenpeace Lille, Amis de la Terre Nord, EELV, Collectif des Faucheurs Volontaires