La Confédération paysanne a participé à la réunion relative au dispositif ORSEC-épizootie en lien avec l’épisode de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) ce mercredi 13/08 à la Prefecture (DDETCSPP).
Nous rappelons notre opposition ferme CONTRE la stratégie sanitaire actuelle d’abattage total des troupeaux et nos propositions POUR la mise en place d’une prévention vaccinale et d’un protocole plus ciblé de gestion sanitaire de la maladie en passant par le déclassement de la maladie.
Depuis fin juin, les éleveuses et éleveurs de vaches dans les Savoie font face à l’arrivée nouvelle de la DNC.
Cette maladie, dont nous ne contestons pas la virulence, est aujourd’hui au cœur d’une crise qui dépasse largement le seul cadre sanitaire. Des troupeaux entiers sont abattus ou risquent de l’être sans distinction, des fermes vont être vidées, des paysan.ne.s sont sous pression, dans la peur et dépourvus d’accompagnement et de soutien de la part de l’État. Cette logique est un non-sens, elle est inefficace, violente, déconnectée de la réalité du terrain.
Nous rappelons que cette gestion sanitaire est basée sur le classement de cette maladie en catégorie A comme une zoonose alors … qu’elle n’est pas transmissible à l’homme !1
En découle cette gestion sanitaire injuste par abattage total des troupeaux touchés ainsi que le déclassement du statut indemne pour les zones de protection autour des foyers… La vaccination plus large est rendue impossible car la France perdrait ainsi ce statut indemne sur tout le territoire ce qui empêcherait toute exportation de produits bovins. Tout ceci du simple fait du classement de la maladie ! Que doit-on en conclure ? Que chaque nouvelle maladie (zoonose ou pas) arrivant sur le territoire sera gérée par abattage du cheptel ? Quel message le Ministère envoie-t-il pour l’avenir de l’élevage en France ?
La gestion actuelle sacrifie plus qu’elle ne protège. Elle détruit des vies, des savoir-faire, des liens humains et du vivant. Elle fait fi de parfois plus de cent ans de travail de sélection génétique dans les troupeaux.
Cette gestion sanitaire ne permet ni de comprendre la maladie (et donc les pratiques inhérentes aux soins nécessaires), ni de l’éradiquer, ni de préparer l’immunité de nos troupeaux préventivement.
Et une fois encore, la gestion politique du Ministère, accompagné de ses fidèles acolytes FNSEA-JA, fait reposer injustement toutes les conséquences sanitaires et économiques sur les seuls paysan-nes au lieu d’essayer de les protéger !
Malgré la sidération, il est urgent de mettre en place immédiatement une politique sanitaire efficace, humaine et acceptable contre la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), en alliant :
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Une campagne vaccinale large et accessible à tous les paysans et toutes les paysannes de la zone ; tout en demandant en parallèle le déclassement de la DNC afin de permettre la vaccination sans impact économique sur les échanges commerciaux
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L’isolement des animaux malades et leur euthanasie ciblée selon un protocole à définir
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Le contrôle strict des mouvements et la mise en place de mesures de prévention strictes pour éviter la diffusion de la maladie.
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L’indemnisation totale des pertes directes et indirectes subies par les élevages touchés, les élevages de la zone réglementée et les entreprises du territoire
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La concertation large des paysannes et paysans concerné.es, plutôt qu’une accumulation d’injonctions autoritaires décorrélées de la réalité du terrain.
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Nous demandons également une gestion très encadrée du retour en Ardèche des troupeaux actuellement en estive dans les Savoie afin de s’assurer de ne pas importer la maladie dans le département.
Cette crise sanitaire démontre une fois de plus l’injustice et l’incohérence d’un système économique qui est prêt à sacrifier les paysan-nes plutôt que de les protéger au nom de la rentabilité et du commerce international.
La Confédération paysanne recherche au contraire des solutions afin de permettre une gestion sanitaire qui traite l’épidémie tout en prenant en compte l’avenir de l’élevage dans nos territoires et les vies paysannes qui en sont impactées. Et nous assurons TOU-TES les éleveuses et éleveurs de notre soutien et de notre détermination à les protéger ainsi que leurs fermes et leurs troupeaux.
1Les zoonoses sont des maladies ou infections qui se transmettent des animaux vertébrés à l’homme, et vice versa. Les pathogènes en cause peuvent être des bactéries, des virus ou des parasites. (Source : site du Ministère de l’agriculture)
