La Confédération paysanne de l’Ardèche exprime son opposition au projet de parc photovoltaïque à Freyssenet

NON au parc PV à Freyssenet

👇 Objet : Contribution de la Confédération paysanne de l’Ardèche à l’enquête publique concernant la demande de permis de construire pour un parc agrivoltaïque à Freyssenet 👇

La commune de Freyssennet fait partie du plateau du Coiron, massif volcanique reconnu pour la qualité de ses herbages et ses paysages magnifiques.

Le projet d’implantation de panneaux photovoltaïques s’inscrit dans la recherche de sites pour la production d’électricité au sol.

Ce territoire qui sert aujourd’hui à la production d’herbe, de céréales et de fourrage destinés à l’alimentation des animaux (bovins, ovins, caprins, équidés) présents sur le territoire. Ces animaux sont destinés à la production de viande, de lait de chèvre, de porcs

Vendus pour partie localement en direct à la ferme, dans les magasins de producteurs locaux ou dans les boucheries artisanales du secteur (Privas, Le Teil, Alba la Romaine, Villeneuve de Berg, Lavilledieu…) ;

Mais aussi de bovins vendus à l’export, de lait de chèvres transformé en AOP Picodon ou de châtaignes.

Toute cette dynamique contribue à la vitalité du territoire qui développe du coup des activités touristiques (gîtes, fermes pédagogiques, circuits de ferme en ferme) et des logements locatifs qui accueillent des familles venues vivre sur le plateau et travaillent dans les villes environnantes.

La réalisation de ce projet de 16HA de soi-disant « agrivoltaïsme » pose donc plusieurs problèmes :

    • Le problème de la concurrence avec l’agriculture locale, les projets d’installation sont nombreux sur le territoire.

    • L’envolée des prix du foncier agricole ainsi que la frilosité des propriétaires à louer leurs terrains.

    • La destruction des paysages car il y a déjà d’autres projets bien plus grands en cours d’étude avec au total environ 100HA couverts par des panneaux pour le moment. Quel avenir pour le tourisme, les chemins de randonnées, la faune sauvage, etc.…?

    • Risque de déstabilisation du passage des migrateurs, le plateau du Coiron jouxte le plus grand col pour le passage des oiseaux migrateurs : le col de l’Escrinet.

Questionnement sur la technique « agrivoltaïque »

La perspective d’abandon ou de réduction d’électricité à partir d’énergies fossiles est louable au vue des effets sur la production engendrée de CO2.

Le couplage entre production solaire et production agricole est perçu comme un moyen pour développer les énergies renouvelables et apporter un complément de revenu aux agriculteurs. A première vue l’agrivoltaïsme a tout pour plaire. En réalité l’« Agrivoltaïsme » n’est autre que du « Photovoltaîsme au sol », pratique industrielle et non agricole. Ses effets pervers sont multiples :

    • Atteinte à la vocation nourricière de la terre du fait de l’artificialisation et d’une moindre disponibilité foncière.

    • Manne financière générant des conflits d’intérêts.

    • Dégradation des paysages, atteinte à la biodiversité.

La Confédération paysanne récuse donc la notion d’agrivoltaïsme et exige l’interdiction des centrales photovoltaïques sur toutes les terres agricoles naturelles et forestières.

Développer le photovoltaïsme sur les toitures et espaces artificialisés

L’objectif de production d’énergie photovoltaïque dans le plan France Nation Verte est de 140Gw à l’horizon 2050 dont 45Gw sur sol agricole et forestier, c’est-à-dire 45000 à 135000 hectares.

Dans ses rapports de 2018 et 2019, l’ADEME évalue des gisements de photovoltaïque à 364Gw sur toitures, 49Gw sur friches industrielles et 4Gw sur les parkings.

Ajoutons que la France compte 450000 hectares déjà artificialisés.

La mobilisation de ce potentiel permettrait donc de dépasser largement les objectifs de production d’énergie photovoltaïque sans touches aux terres agricoles et forestières.

Un faible surcoût du photovoltaïque sur toiture comparé au photovoltaïque au sol.

Ainsi terres agricoles, naturelles et forestières peuvent ne pas être mobilisées, leur utilisation ne ferait que repousser l’équipement des friches industrielles délaissées.

Compte tenu des gisements photovoltaïques, une politique de développement des énergies renouvelables est possible, associant les collectivités et les citoyens dans un cadre démocratique et décentralisé. Les collectivités ont tout intérêt à développer des sociétés d’économie mixte d’énergie qui génèrent davantage de retombées économiques que les projets privés.

Une autorisation au cas par cas du photovoltaïque sur les bâtiments agricoles.

La Confédération paysanne n’est pas opposée à l’installation de panneaux sur des bâtiments agricoles existants ou neufs. La priorité est un soutien à l’équipement des toitures existantes, notamment pour le remplacement des toitures fibrociment (adaptation des exigences technique, financement pour le désamiantage et le raccordement au réseau). Les bâtiments neufs ne doivent être autorisés que s’ils répondent à une nécessité agricole.

Artificialisation des terres : Menace pour les terres agricoles

L’installation de panneaux photovoltaïque au sol correspond bien à une artificialisation qui dégrade les fonctions du sol et nuit à la biodiversité. Les ancrages béton, clôtures, lignes électriques enterrées et voies d’accès sur des kilomètres affectent les sols, perturbent la faune et la flore de façon durable.

Un impact majeur sur les prix et la disponibilité du foncier

Les loyers proposés aux propriétaires pour l’installation de centrales photovoltaïques déstabilisent complétement le marché foncier avec un rapport de 1 à 10 ou 30 pour le fermage (ex : 4000€/ha au lieu de 150) et de 1 à 3 ou 6 pour l’achat.

La transmission des fermes est également menacée. Certains paysans et paysannes en fin de carrière préférant conserver leur foncier pour s’assurer une retraite confortable.

Nous alertons enfin sur le fait que l’agriculteur concerné n’était pas présent à la CDPENAF du 07/09/2023 qui a vu son dossier refusé et que c’est le constructeur qui a porté le recours en justice. Ce qui doit nous interroger fortement sur l’intérêt agricole du projet et sa pertinence pour l’exploitant agricole.

La Confédération paysanne réaffirme la vocation nourricière des terres agricoles et la priorité de la production alimentaire sur la production d’énergie. L’aboutissement du projet de Freyssenet créerait un précédent qui déstabiliserait toute la petite région.

Pour toutes ces raisons, la Confédération paysanne de l’Ardèche, représentant les intérêts des agricultrices et des agriculteurs en Ardèche, notamment sur le territoire concerné, s’oppose à ce projet qui viendrait fortement impacter l’agriculture du territoire.

Nous exprimons donc un avis négatif et demandons que la demande de permis de construire pour un « parc agrivoltaïque » sur Freyssenet soit refusée.

Pour la Confédération paysanne de l’Ardèche

Les porte-parole

Pierre-Yves Maret Aurélien Mourier

Nous ne tomberons pas dans le panneau de l’agrivoltaïsme !

>> Télécharger l’Avis négatif de la Confédération paysanne de l’Ardèche concernant la demande de permis de construire un parc Photovoltaïque à Freyssenet (15/01/2025)

>> vrai/faux sur l’agrivoltaisme (Doc de la Confédération paysanne)

>> 4 pages de positionnement de la Confédération paysanne sur le photovoltaique au sol / Agrivoltaisme

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