
Texte de la Confédération paysanne de l’Ardèche lu lors des rassemblements de soutien du 28 Juin 2023 qui ont réuni près de 100 personnes à Annonay et 150 à Privas en soutien aux soulèvements de la Terre après l’annonce de leur dissolution et aux 6 militants (dont 2 paysans) placés en garde à vue le matin même après les manifestations de Sainte Soline pour défendre la préservation et un partage équitable de l’eau. Militants remis en liberté et convoqués le 08/09 à Niort.
« Le mouvement des Soulèvements de la Terre a contribué en l’espace de deux ans à visibiliser davantage la nécessité vitale de protéger la terre des activités humaines destructrices. Préserver le vivant et lutter contre l’agro-industrie sont des objectifs que nous partageons avec ce mouvement.
C’est pourquoi nous avons été côte-à-côte dans plusieurs actions d’envergure pour défendre la terre et l’eau, et sommes déterminés à nous battre pour la répartition équitable de ces communs.
Face à l’urgence sociale et climatique que le monde agricole vit de plein fouet, la Confédération paysanne s’est logiquement engagée, comme elle l’a fait tout au long de son histoire, à œuvrer collectivement avec des militant.es citoyen.nes pour protéger les terres agricoles, nos droits sociaux et déployer l’indispensable transition agroécologique de notre agriculture.
L’annonce de la dissolution des Soulèvements de la Terre est une attaque directe à la liberté d’expression, d’opinion, d’association, de manifestation, aux droits humains, aux droits à l’eau et à l’alimentation et aux droits de l’environnement. Que ce soit par les observateurs de la Ligue des Droits de l’Homme ou les experts de l’ONU*, les autorités françaises sont unanimement décrites comme engagées dans une grave dérive anti-démocratique.
Dissolution ou non, les questions soulevées par les mouvements sociaux et écologiques ne disparaîtront pas par enchantement. Les problèmes auxquels nous faisons face restent entiers : dérèglement climatique, baisse continue du nombre de paysan.nes, effondrement de la biodiversité…
Dissoudre l’opposition est un mirage inconséquent de la part du gouvernement. Les décideurs politiques doivent dialoguer et agir sur les causes de ces problèmes, plutôt que tenter de réduire au silence toutes les critiques du modèle socio-économique actuel.
La Confédération paysanne s’oppose à cette dissolution et continuera avec toutes les forces progressistes à se battre pour un monde meilleur qui préserve notre planète et qui protège les droits des paysan.nes, notamment leur accès à la terre et à l’eau.
De plus, il se trouve que depuis ce matin 6 militants dont 2 paysans de la Confédération paysanne sont en garde à vue suite à une convocation liée à la manifestation de Sainte Soline : Nicolas Girod, ancien porte-parole national, et Benoît Jaunet, porte-parole de la Confédération paysanne des Deux-Sèvres
La Confédération paysanne dénonce ces manœuvres d’intimidation et de répression syndicale scandaleuses.
Rappelons que la Confédération paysanne et de nombreuses autres organisations syndicales, associatives, sociales et écologistes ont appelé à manifester à Sainte Soline pour la préservation et le partage équitable de l’eau.
Celles et ceux qui devraient aujourd’hui rendre des comptes, ce sont les responsables qui ont ordonné de tirer de manière indiscriminée plus de 5000 grenades en deux heures sur les manifestant.es, engendrant de nombreux blessés graves. Les experts de l’ONU et observateurs de la Ligue des Droits de l’Homme ont dénoncé ces agissements.
Celles et ceux qui devraient aujourd’hui rendre des comptes, ce sont les responsables qui permettent la confiscation de l’eau pour les intérêts de quelques uns, faisant fi de la situation climatique, de la sécheresse, du droit et de l’intérêt général dans la gestion de l’eau partout en France.
Museler les mouvements sociaux et écologiques, dissoudre les Soulèvements de la Terre, intimider les responsables syndicaux et associatifs, cette stratégie inique du gouvernement ne nous empêchera pas de poursuivre, dans l’intérêt des paysan.nes et de la société toute entière, la lutte pour un modèle agricole et alimentaire qui préserve et partage l’eau. Nous exigeons toujours et continuerons à nous battre pour la préservation et le partage de l’eau.
Nous dénonçons le 2 poids / 2 mesures dans le secteur agricole face à une FNSEA, coupable d’actions violentes depuis des décennies entre saccage de ministère, incendie de bâtiments publics ou menaces de mort sur des personnes (la liste serait trop longue pour être exhaustive – Petit aperçu dans cet article) … cette même FNSEA qui continue tranquillement à régir la politique du Ministère de l’agriculture en toute impunité et avec les résultats catastrophiques que nous connaissons pour le monde agricole.
Nous dénonçons la politique de ce gouvernement et de ce président de la République qui, plus que tout autre lors de la 5ème République, dévoie chaque jour un peu plus la démocratie vers un régime AUTORITAIRE par des pratiques politiques répressives et attentatoires des libertés publiques.
Nous ne pouvons accepter que les mouvements syndicaux ou écologiques soient traités de terroristes. Ces pratiques sont malheureusement, l’histoire est là pour nous le rappeler, un terreau propice à de très graves évènements.
Nous dénonçons le niveau de violence de ce gouvernement . Niveau qui aboutit aux violences policières inacceptables que nous vivons maintenant de façon si régulière qu’elles deviennent une norme inquiétante. Que cette violence s’exprime à Sainte Soline ou dans les quartiers de la Région parisienne, cette libération des violences physiques tolérée par le pouvoir politique et de la violence verbale du Président, de ses ministres et de ses parlementaires fait courir un grave danger.